samedi 9 mai 2015

« Humanistes » demandent au ministre qu'il abroge le volet religieux d'ECR et font planer une menace


Des associations antireligieuses, dont l’Association humaniste du Québec (AHQ) qui se décrit comme « La voix des athées et des agnostiques », le Mouvement laïque québécois (MLQ) et le groupe Pour les droits des femmes du Québec (PDF-Q), réclament, auprès du ministre de l’Éducation François Blais, le retrait du volet religieux du cours Éthique et culture religieuse (ÉCR). Ces associations aiment habituellement bien le volet dialogue et « éthique » du programme puisqu’il permet d’insuffler, souvent par mimétisme, à tous les enfants les valeurs du correctivisme politique (voir aussi ici).


Pour le compte de l’AHQ et en collaboration avec le MLQ, l’ancien président du MLQ a analysé les fondements du programme ÉCR ainsi que les contenus de certains manuels destinés aux élèves du primaire et du secondaire. Selon M. Baril, « ce que l’on y trouve est ahurissant et dépasse tout ce que l’on avait imaginé lors du lancement de ce cours ». Cela ne nous surprend pas, voilà des années que nous avons publié des billets et une étude sur les manuels d’ECR. Voir des exemples non limitatifs ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et . Relire aussi l’étude de Joëlle Quérin.

Citons M. Baril :

Le contenu religieux, présenté sous une rhétorique ministérielle comme étant « culturel », est décuplé par rapport à l’ancien cours de religion et n’a en rien perdu son caractère confessionnel. On a tout simplement ajouté, aux croyances et rituels chrétiens, les croyances et rituels juifs, musulmans, bouddhistes et amérindiens, en plus du spiritisme, de l’ésotérisme et de pseudosciences telles l’astrologie.

Je reproduis ici l’introduction de ce document d’analyse publié sur le site de l’AHQ [cliquez ici pour cette analyse]. J’invite ceux et celles qui, à la suite de mes blogues précédents sur ce sujet, ont douté des orientations confessionnelles (intentionnelles ou non) de ce cours, à prendre le temps nécessaire pour parcourir ce document. Vous serez surpris.

Analyse des fondements et des contenus du programme Éthique et culture religieuse

Nous avons analysé les fondements et objectifs du programme Éthique et culture religieuse (ÉCR) ainsi que les contenus d’une vingtaine de volumes et cahiers destinés aux élèves du primaire et du secondaire.

Il en ressort que les contenus d’enseignement transmis aux élèves sont manifestement et même explicitement confessionnels. La juxtaposition de diverses religions ne change en rien ce caractère.

L’exclusion de personnes sans religion des contenus de ce programme (sauf une mention en secondaire 4) donne une image déformée de la réalité socioreligieuse et, à première vue, semble contrevenir au droit à l’égalité reconnu dans les chartes québécoise et canadienne puisque ces citoyens ne sont pas traités de façon égale par ce programme scolaire obligatoire pour tous.

À la lumière du récent jugement de la Cour suprême du Canada sur les prières dans les assemblées municipales, il semble bien que ce cours ne passerait pas plus le test des droits à la liberté de conscience et à la liberté de religion ni l’obligation de neutralité religieuse de l’État. Dans ce jugement, la Cour a en effet affirmé à plusieurs reprises que « l’État ne doit pas s’ingérer dans le domaine de la religion et des croyances. L’État doit plutôt demeurer neutre à cet égard, ce qui exige qu’il ne favorise ni ne défavorise aucune croyance, pas plus que l’incroyance. » (p. 7 de la version PDF)

Manifestement, il y a exclusion de l’incroyance dans le programme ÉCR et cette exclusion est intentionnelle. La prétendue approche culturelle du religieux, qui ne résiste pas à l’analyse des contenus, ne saurait non plus servir de caution. La Cour affirme en effet que
« Si, sous le couvert d’une réalité culturelle, historique ou patrimoniale, l’État adhère à une forme d’expression religieuse, il ne respecte pas son obligation de neutralité. » (p. 8)

Il ne nous apparaît pas souhaitable de rétablir le droit à l’exemption de ce cours même si la situation apparaît, sous certains égards, pire qu’à l’époque du régime d’exemption. Ce serait un pis-aller augmentant encore plus l’effet d’exclusion. Bien que la preuve semble avoir été déficiente [prématurée puisqu’il s’agissait de s’opposer dès le début au cours], une telle disposition a d’ailleurs été refusée par la Cour suprême aux parents de la Commission scolaire des Chênes.

Saupoudrer des contenus humanistes incroyants ici et là ne nous semble pas la solution non plus. Nous préconisons plutôt le retrait pur et simple du volet culture religieuse et l’enrichissement [sic] du volet éthique. Nous présentons ici l’ensemble des éléments qui nous conduisent à cette conclusion.

Concernant l’exemption de ce cours

[Comme] que mentionné [ci-dessus], l’exemption du cours ÉCR ne nous paraît pas la bonne solution. Le MLQ a lutté pendant 20 ans contre l’exemption de l’enseignement religieux parce que c’était une procédure discriminatoire qui ne faisait qu’aggraver l’exclusion des élèves exemptés. Nous n’allons pas revenir à ce régime.

Il nous sem[b] le y avoir matière à une plainte auprès de la Commission des droits de la personne pour violation du droit à l’égalité et du droit à la liberté de conscience. Cette procédure peut prendre quelques années.

En attendant et parallèlement à la demande du retrait du volet religieux, PDF-Q lance tout de même de son côté une invitation à demander une dérogation de ce cours pour les parents qui considèrent leur liberté de conscience brimée. Il est plus que probable qu’aucune commission scolaire n’accepte une telle demande puisqu’aucune procédure en ce sens n’est prévue par la loi et que la Cour suprême a déjà refusé ce droit aux parents catholiques. Il faut considérer cette démarche comme une solution temporaire et une mesure de pression sur les commissions scolaires visant à manifester son opposition à ce cours. Il sera aussi intéressant d’en analyser les réponses.

Exemples de confessionnalisation dénoncée par M. Baril :
2.3 Promotion de valeurs inacceptables 

En plus de contenus confessionnels, certains manuels font la promotion de valeurs totalement inacceptables. C’est le cas du cahier d’exercices Rond-Point, (2e année du 1er cycle du secondaire, éditions Lidec, 2007) qui présentait, en guise d’image de bienvenue dans le cours ÉCR, une enseignante et un groupe de trois élèves dont l’une porte le niqab. C’est une normalisation inacceptable de ce vêtement diffamant portant atteinte à la dignité et à l’intégrité physique des femmes.

 La description du hidjab présentée dans ce manuel en rend le port obligatoire au nom de la pudeur (p. 11, texte complet en Annexe 3) :



Celles qui ne portent pas de foulard islamique sont donc impures. (Ce manuel est toujours offert par Lidec, mais il ne nous a pas été possible de vérifier si ces pages y figurent toujours.) [Note du carnet : et pour cause ! M. Baril ne fait que reproduire nos extraits de ce cahier d’activités....]


Cet exemple fait ressortir une profonde contradiction dans les fondements du cours ÉCR : comment, en effet, peut-on à la fois rechercher « le bien commun » et le « respect de l’autre » en s’inspirant des chartes des droits fondamentaux et transmettre de façon plus que complaisante des systèmes de pensée qui nient les principes énoncés dans ces chartes ?

Visiter un imam pro-charia [note du carnet : ne le sont-ils pas tous en théorie ?]

Dans le manuel du maître Enseigner l’Éthique et culture religieuse : les fondements et la pratique au primaire et au secondaire (éditions CEC, 2010), on retrouve la suggestion suivante : « Une visite de ces lieux et une rencontre avec un prêtre, le pasteur, l’imam ou le moine sont une excellente façon de favoriser la culture religieuse et l’ouverture à l’autre » (p. 111)

[Note du carnet : ces visites sont très fréquentes. Voir ici secte Hare Krichna à l’école en classe d’ECR, adolescents dansent au son d’Hare Krichna en classe d’ECR, visite obligatoire de la mosquée, des temples bouddhiste et sikh avec « Le coup de foudre d’Anne-Marie Bourassa : l’expérience de méditation au Temple bouddhiste ». Article qui vaut son pesant d’or avec un « Notons que 1,2 milliard de musulmans pratiquent cette religion à travers le monde, dont 101 000 à Montréal. À titre d’exemple de personnalités arabes, on retrouve René Angelil ». Mention pour rendre sympa l’islam ? L’ennui c’est que les deux parents de Réné Angelil étaient catholiques melkites ... et qu'il a baptisé son fils en 2001 selon ce rite.]


Dans cette veine, le Réseau pour le développement des compétences par l’intégration des TIC (RÉCIT), un organisme privé qui offre des ressources complémentaires entre autres aux enseignants d’ÉCR, offre une visite virtuelle de la mosquée de Brossard [ci-dessus] tenue par l’imam Foudil Selmoune. Cet imam a fait les manchettes il y a quelques années pour ses propos controversés favorables à la charia. Ces propos ont même fait l’objet d’une dénonciation à l’Assemblée nationale par l’ex-ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil. [Voir aussi ici et .]

Rapport de M. Baril

Annexes du rapport de M. Baril

Voir aussi

Sortir le religieux de l’école pour y laisser entrer l’ésotérisme et les gourous




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1 commentaire:

Vieux Phil a dit…

Lorsqu'on demande aux Égyptiens quelle est la signification religieuse du Sphinx de Gizeh, ils ne savent plus. Lorsqu'on demande ce que signifie le crucifix suspendu au mur de l'Assemblée nationale, les jeunes québécois ne le savent pas. Le MLQ entretient cette ignorance par christianophobie.